« Un moment de bascule où la Nouvelle-Calédonie économique doit changer de phase »
David Guyenne, président de la CCI-NC, était mardi 25 février 2025 sur les ondes de Nouvelle-Calédonie La 1ère radio, pour livrer son sentiment des rencontres économiques organisées la veille avec Manuel Valls, ministre des Outre-mer.
1 h 30 d’entretien avec une cinquantaine de représentants du monde économique calédonien, qui a permis au ministre de confirmer un certain nombre de mesures de soutien à l’économie calédonienne. Pour David Guyenne, le bilan est « globalement positif », même s’il demande à être « confirmé par des actes concrets ».
« Le point important, détaille le président de la CCI-NC, c’est qu’on a l’impression d’arriver à un moment de bascule, à un moment où la Nouvelle-Calédonie économique doit changer de phase. Passer d’une phase émeutes-post émeutes, à vraiment maintenant une phase de relance-reconstruction… »
Une étude qui objective un risque majeur d’effondrement
« Certaines annonces ont répondu aux attentes du monde économique », confirme David Guyenne. « Mais avant de parler des annonces, nous avons souhaité partager avec le ministre les résultats d’une étude auprès de 550 entreprises que la CCI vient de mener. Et ce sont des résultats complètement édifiants, notamment sur la baisse continue de la confiance dans tous les secteurs, mais avec une vulnérabilité particulière du secteur du BTP et des patentés. Les Calédoniens commencent à baisser les bras, le moral est au plus bas depuis le 13 mai 2024, et nous avons eu l’occasion d’apprendre au ministre que 15 % seulement des chefs d’entreprise qui ont vu leur entreprise détruite, veulent reconstruire aujourd’hui. Ils étaient 50 % en octobre et 70 % en juin 2024. Donc vraiment là, on arrive à un moment de risque majeur d’effondrement... »
La concrétisation des mesures, psychologiquement importante pour les entreprises détruites
S’agissant des mesures annoncées au monde économique par le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, David Guyenne détaille : « les mesures n’étaient pas des mesures pour plaire à tout le monde, mais vraiment je pense des mesures pour ancrer – et c’est ce que nous souhaitons - une nouvelle phase de reconstruction et une phase de relance. »
« Dans le détail, il y en a quand même quelques-unes qui sont fortes et qui vont aider le monde économique », poursuit David Guyenne, citant le « cas par cas » du Fonds de solidarité pour soutenir la trésorerie des entreprises (dont certains dossiers n’avaient pas reçu de réponse) : « le ministre s’est engagé à y répondre en y abondant la somme d’1,8 Md. Donc ça c’est une mesure intéressante. Pour les entreprises du BTP aussi, c’est un début de visibilité… ».
Même si les acteurs économiques sont satisfaits d’avoir des outils pour la reconstruction, ils sont conscients que du travail est encore nécessaire, notamment sur la défiscalisation de la reconstruction des industries et des commerces détruits. « Aujourd’hui l’État, le ministre s’est engagé à travailler avec les différents services pour changer la loi, donc ça c’est un engagement, une intention, que l’on salue », déclare David Guyenne. « Maintenant, on attend de voir cette réalisation, qui sera vraiment psychologiquement importante pour les entreprises détruites… », prévient-il.
Des outils et un accord, pour renverser la résignation des entreprises
« Il faut aussi des outils financiers, explique encore David Guyenne. Là, le ministre s’est engagé à augmenter la somme du fonds SOGEFOM, qui est un fonds qui va permettre aux entreprises d’être garanties par l’État, mais il faut encore ajuster cet outil. Ce qu’on a souhaité dire aussi au ministre, et sur quoi on s’accorde, c’est qu’il y a ces outils financiers et fiscaux, mais il y a aussi le signal fort d’un accord. Un accord est nécessaire, il n’est pas suffisant mais il est nécessaire, pour signaler un alignement fort entre l’État, les institutions, la population, et le monde économique. L’urgence de l’accord c’était aussi un message fort de la soirée de lundi. Nous avons dit au ministre que cet accord doit avoir un volet économique et social, et que cet accord doit permettre le développement économique de la Nouvelle-Calédonie demain… »